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Textiles

- Des chambres à air !

- Réellement des chambres à air ?

- Oui, de vraies chambres à air. En plus, elles doivent avoir servi.

 

Isabelle Linotte est une plasticienne. Elle affectionne travailler ou intégrer les matériaux usagers, récupérés ou incongrus.

Elle leur offre une seconde vie ou une vie nouvelle. A son image, Isabelle la rescapée.

Elle a échappé à la mort. Elle a dû se rétablir, se reconstruire petit à petit, bout à bout. Elle a suivi une thérapie pour tenter de reconstituer sa mémoire. Un bus, un jour, se prenait pour un piéton, débordant de la route et mordant sur le trottoir, au grand dam de quelques vrais piétons, dont Isabelle.

Et voilà qu’elle s’approprie la chambre à air. Étrange coïncidence !

Il n’y a pas de hasard…

Le support lisse noir ou noirâtre, en tout temps, ne pardonne aucune faille, aucune faiblesse, sinon il perd son sens, son utilité. Il en va autrement dans les mains de la plasticienne. Elle l’entaille, le découpe, brode des fils rouges, argent, verts…

Le sombre devient le support idéal de points de couleurs, de vie, de joie…

Par la broderie, Isabelle constitue des réseaux ; ces réseaux qui engendrent la vie, la nourrissent, la développent, l’entretiennent, la préservent. La chambre à air se mue en chair ; étrange raccourci.

Quelquefois, assemblés, collés, les morceaux donnent naissance à une longue et élégante robe de bal des débutantes. D’un statut parfois proche de cuirs raffinés, la chambre à air joue à évoquer les dentelles, le satin ou les soieries les plus rares.

Ainsi, le matériau usager s’est transformé, par une étrange alchimie, en dermes ou en fragiles textiles.

L’art est là pour transcender la vie. Les malheurs forment une matière brute qu’il faut pétrir.

Chez Isabelle, la création est si intime qu’elle nous concerne tous et chacun, toutes et chacune.

 

Isabelle la brodeuse affole des consœurs, afflige les autres.

- La soie, le coton, le satin, oui ; mais la chambre à air !

 

Jacky LEGGE

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